▬ Never Say Never [PV]

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Jagger && Vicky

Le Crépuscule étendait déjà son pouvoir sur l'horizon et le ciel s'assombrissait de plus en plus. Le tendre rosé menaçant d'une pâle soirée laissait place à un rouge orangé vif annonciateur d'un lendemain étouffant. Puis le sombre néant du gris qui prenait du service pour, plus tard, faire briller les étoiles. Chaque soir, la même chose, le même ballet de couleurs prenait possession du ciel. Parfois, j'avais l'impression qu'un peintre fou allié se déchaînait au dessus de la ville. Et chaque soir, assise devant ma fenêtre, j'observais cette valse qui me faisait vibrer. Un léger sourire en coin étirant mes lèvres, un plaid pastel couvrant mes jambes recroquevillées sur moi même, un verre de vin à proximité et un livre entre les mains. A chaque page je levais les yeux pour découvrir la prochaine étape. La prochaine couleur. C'était ça mon plaisir quotidien. Le calme et la beauté d'un tel spectacle. Et rien n'aurait pu y changer quoi que ce soit.

Ce calme que j'appréciais tant ne durerait pas. C'était certain. Le calme avant la tempête comme on dit si bien. Maintenant, il était vingt heures bien passées. Après un repas frugal auquel je m'étais habituée au fil des années, j'avais quitté mon poste d'observation favoris pour rejoindre la chambre. De là, j'enfilais mon habit de lumière. Les paillettes en place, une retouche maquillage plus tard, j'étais prête. Un sourire offert à mon miroir et je quittais mon antre pour rejoindre la cuisine. Cherilynn n'était pas là.. Je soupirais, espérant qu'elle allait bien et qu'elle ne rentrerait pas déboussolée. Je me saisis d'un stylo, attrappais un post-it et écrivit : "Je rentrerais vers huit heures, Bises". Après avoir collé le mot sur la porte du frigo, je me dirigeais vers l'entrée d'où j'enfilais rapidemment ma veste sombre. Mes clés en poche, mon sac sur l'épaule, je passais enfin la porte. A présent dans la rue principale du quartier, je prenais la direction du nord de la ville, un dernier regard jeté vers le ciel, je pressais le pas.

Le côté obscur. J'entrais dans le bar qui me servait de lieu de travail par l'entrée des artistes, comme chaque soir où je devais prendre un service. La soirée s'annonçait particulièrement agitée et pleine de surprises. Je n'aurais pas pu dire pourquoi, mais c'était simplement ce que je ressentais. Et mon intuition s'avérait souvent juste. Après avoir déposé mes affaires dans le vestiaire du personnel du l'établissement, je me dirigeais vers le comptoir, saluant d'un signe de tête accompagné d'un sourire agréable mes collègues que je croisais sur mon chemin. Prenant place de l'autre côté du bar, je commençais déjà à entendre les premières personnes entrer. Il était vingt-heures trente, heure d'ouverture, et la musique était lancée. Le volume augmentait rapidemment, jusqu'à ne plus pouvoir s'entendre parler qu'en haussant la voix. Soirée prometteuse, à peine quelques minutes après l'ouverture, la piste de danse était déjà presque envahie. Les clients étaient au rendez-vous, ce qui signifiait un petit magot de pourboire pour les employés ce soir... Et les soirées comme celles-ci je les appréciais particulièrement...

Plusieurs heures s'étaient déjà écoulées depuis le premier verre servi, et le rythme effréné que je gardais ne ralentissait pas. La clientèle ne dessemplissait pas le moins du monde. Et tout allait bien comme cela. J'enchaînais les coktails, continuait de sourire. Je restais penchée sur le comptoire, les yeux rivés sur mon travail, mon champ de vision réduit aus tabourets de bar. Je n'étais pas vraiment préoccupée par ce qu'il se passait plus loin, trop absorbée par mon travail. Et c'est durant une des rares et très courtes périodes d'acalmie, où le DJ enchaînait les tubes des années quatre-vingt dix, que je pu enfin lever la tête pour regarder un peu plus loin. Mais ce soir, le "plus loin" s'arrêtait à une personne en particulier. Un visage qui ne m'était pas inconnu, un habitué. Je souriais d'avantage en le voyant s'approcher du comptoir. Et quand il fut assez près pour m'entendre, je lui dis d'un ton joueur : "Monsieur Barkley ? Surprenant..." Ironie certe, mais les soirées où Jagger s'arrêtait près du bar devenaient tout de suite plus attrayantes que de servir des paysans qui passaient leur nuit à essayer de mettre le nombre impressionant de demoiselles qu'ils pouvaient croiser dans leur lit avec une haleine de whisky pas frais après une semaine de massérage sans dentifrice. Bref... "Comment vas-tu ? Des nouvelles à ma raconter ?" Je repportais mon attention sur le jeune homme en déposant le torchon qui ne me quittait jamais sur mon épaule dans un mouvement que je maîtrisais maintenant à la perfection : "Qu'aurais je l'honneur de te servir ce soir ?"

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Vous savez, tous ses clichés sur les clients qui content leur vie au barman ? Et bien, sachez que c'est totalement vrai.

Jagger se dirigeait, toujours vers le même bar, c'était comme un rituel, ou plutôt un réflexe. Vous voyez le jeune père avait peu de temps pour lui, mine de rien, avec son pseudo-travail mais surtout parce qu'il devait s'occuper de Jade, et qu'il y mettait évidemment tout son cœur et son temps. Sa fille valait mieux que toute les femmes du monde, la seule à qui il tenait plus qu'à n'importe qui, ça ne faisait aucun doute. Il l'avait évidemment laissé à Laura, la voisine, qui acceptait toujours de perdre quelques heures à s'amuser avec la petite. Débarquant dans le bar qui lui était bien familier, il y entra avec une pleine aisance, s'essaya sur un tabouret du comptoir, assez loin toutefois de la puanteur des alcooliques jonchent les tables comme des épaves. Parfois, il était bluffé par la façon dont Vicky s'en sortait dans ce bar, ou peu de gens tenant encore debout et ayant des conversations construites semblait passer. En un sens, il était un peu tous pathétique en étant si bourré à cette heure-ci. Lui, de son côté, se limitait généralement à un ou deux verres, refusant que Jade le voit ivre, évidemment. Il venait toutefois assez régulièrement, autant pour discuter avec Vicky que pour s'octroyer un instant tranquille. A dire vrai, il débarquait souvent une ou deux fois par semaine. « Monsieur Barkley ? Surprenant... » Dit-elle sur le ton ironique qu'il associait presque toujours à Vicky. Offrait un sourire, il haussa une épaule comme si sa venue était exceptionnelle, lui qui venait bien régulièrement. Au fil du temps, Vicky était devenu comme une amie, plutôt même une confidente, il était venu un jour ou un peu trop soul il lui avait débalé sa vie comme on dirait bonjour avant de finalement commencer à venir régulièrement lui parler pour entendre ses conseils avisés. « Mademoiselle Ferguson, comme c'est bon de vous voir ! » Dit-il sur le même ton ironique. Tapotant le bout de ses doigts sur le comptoir en observant un peu les alentours avec une certaine appréhension, si un jour il devenait aussi alcoolique que son voisin à quelques tabourets plus loin: qu'on le pende ! « Comment vas-tu ? Des nouvelles à me raconter ? » Vicky, il se demandait comment il ferait sans elle d'un côté. Jagger n'était pas du genre à énormément s'ouvrir aux autres au contraire, il détestait déballer sa vie à qui que ce soit, s'apitoyer sur son sort c'était pas vraiment son truc. Et il savait que si cette soirée ou il était déprimé et ou il avait un peu trop bu n'avait pas eut lieu, elle ne serait sans doute pas devenu aussi importante pour lui qu'elle ne l'était à présent. « Hum ..; tu veux vraiment le savoir ? Attention à tes risques et périls ! » Il était vrai que les dernières semaines étaient assez étranges pour lui, beaucoup d'évènements étaient survenus dans son existence se qui n'était pas forcément pour réellement lui plaire. Il pensait notamment à Maxyne et son fracassant retour dans la ville. « Qu'aurais-je l'honneur de te servir ce soir ? » Lui demanda-t-elle avec sa grâce habituelle, torchon sur l'épaule, qui lui donnait l'allure d'une vrai tavernière. Il fronça doucement le nez et sourit. « Un whisky, s'il te plaît. » Oh, il en avait bien besoin, qui le lui reprocherait ? Ce n'était pas un alcoolique après tout et les petits plaisirs, tant qu'il restait petit n'était pas mauvais. C'était son avis du moins. Il attendit qu'elle lui serve son verre et en but une gorgée avant de tout lui dire, comme il en avait l'habitude lorsque ça l'avait vraiment bouleversé. « Danylynn, tu te souviens, la garce qui m'avait gueulé dessus à cause du café renversé sur elle ? Avec qui je me disputais dès qu'on se voyait. Figure toi que j'ai couché avec il y a quelques temps, trop d'alcool sans doute. Je sais pas pourquoi j'ai fais ça sincèrement, cette femme est un monstre. » Les gros yeux qu'il fit sur l'instant dévoilait bien l'idée qu'il se faisait de Dany, cette femme était hautaine, prétentieuse, n'aimait personne à part elle et était tout simplement détestable. Il avait bien envie de l'égorger parfois, comme il y a quelques jours au lac. Il hésita toutefois à lui parler de Maxyne, sujet trop sensible, pour lui. Pourtant, lorsqu'une seconde gorgée de whisky fut avalé, il se lança. « Puis Maxyne … la mère de ma fille, mon ex femme elle est … elle est revenue. Je sais pas pourquoi. Vraiment mais .. enfin, elle est en ville du coup et … bref. » Terminant rapidement son verre, il le reposa dans un long soupire et grogna comme une bête pour faire passer ses pensées morbides. Se contentant alors de sourire à Vicky, l'air décontracté mais crispé tout de même.